Les courtes-brèves de la Baltique – L’homme au siècle

Rédaction / Redactie,
20-02-2024
Qui peut savoir, au moment de sa naissance, quel sera son destin ? Nous sommes au début du 20e siècle ; une époque où le patriotisme doté de cette poussée internationale irrésistible de devoir servir sa patrie par les armes est omniprésente. Nous en connaissons la suite … Notre continent perdra à tout jamais ses repères ainsi que ses certitudes qui semblaient pourtant si bien établies.
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Baltique

Ceci est particulièrement vrai pour le monde germano-balte. Bien ancré depuis plus de 700 ans au Nord de l’Europe, ayant passé sans trop de mal tous les changements politiques, passant d’un souverain à un autre en renforçant même ses pouvoirs et fondements sociétaux, il finira par disparaitre en 1920.

Tous ces grands faits de l’histoire sont très bien relatés, voir même illustrés, modifiés, réécrits, corrigés, adaptés, affirmés et j’en passe des vertes et des pas mûres … par de nombreux auteurs, historiens, professeurs, politiciens et parfois même par quelques douteux blogueurs à la recherche d’un scoop dans leurs heures creuses.

Parfait ! Mais qu’en est-il des simples gens dans tout cela ? Avons-nous ressenti, au cours de notre existence, la sensation d’avoir participé à un moment historique qui a changé à tout jamais le monde connu ? Cela doit être plutôt rare.

En me promenant dans les cimetières et sites de commémorations, je regarde souvent avec une attention particulière les dates et le nom des personnes. Je pense à ces moments-là, qu’une pierre devrait pouvoir parler. Les histoires qui ont façonnés ces gens semblent perdues à tout jamais. Ceci dit, pas toujours !

Tout commence lors de l’une de mes visites au Mémorial de l’Ordre de Lāčplēsis à Valka. Une inscription sur une stèle attire mon attention : « Herberts Saulītis, né en 1900 et décédé en 2000 ». Cet homme aux dates angulaires marquantes a reçu la plus haute distinction lettonne attribuée en temps de guerre. Au vu de sa date de naissance, il a participé, à l’âge de 19 ans, à la guerre de libération qui a finalement abouti à l’indépendance de la Lettonie. Un homme issu du peuple, letton, courageux, disposé à se battre pour la liberté de sa patrie, dont le nom de famille Saulītis traduit en Français donne : « le petit soleil ». Presqu’un programme …

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Grâce aux recherches menées en collaboration avec Reinis Kulbergs, Directeur au Musée d’Histoire locale à Valka, voici son histoire :

Herberts Saulītis est né à Zvartava, de nos jours le Comté de Rujiena, en Lettonie, le 25 août 1900. Il visite l’école normale (à l’époque à consonnance germano-balte, « die Realschule ») à Riga.

A l’âge de 19 ans, il s’engage volontairement dans l’armée Lettonne récemment créée pour combattre les occupants russes et allemands. Il s’enrôle dans la 8e division d’Infanterie de Daugavpils et participe à tous les combats de cette unité. Dans les champs de Spilve, près de Riga, il attaque sous un feu très nourri du camp adverse, avec le soutien de trois autres camarades, un poste de mitrailleuses. Suite à une fusillade, suivi d’un combat à la baïonnette et malgré ses blessures, il s’empare d’une mitrailleuse et dirige le feu contre l’ennemi. Les troupes Lettonnes gagnent finalement ce combat. Pour ce fait d’armes, hors du commun, il est décoré de la médaille de l’Ordre des Trois Etoiles pour son courage exceptionnel et plus tard, en 1926, de la médaille de l’Ordre de Lāčplēsis (Le personnage « Lāčplēsis », décrit par le poète letton, Janis Rainis, est la figure du libérateur en mythologie lettonne), la plus haute distinction attribuée en temps de guerre par la Lettonie. Il quitte l’armée au grade de sous-officier.

Entre 1921 et 1939, années qui correspondent à la première période de l’indépendance de la Lettonie, il travaille comme ouvrier dans une usine à Riga.

Au déclenchement de la seconde guerre mondiale, il se réengage dans l’armée lettonne pour combattre à nouveau les envahisseurs. Sous la pression de l’Armée Rouge de Staline et par crainte d’être déporté d’office en Sibérie – ceci, dans le meilleur des cas, il quitte en 1944 la Lettonie pour les Etats-Unis. Là-bas, il s’installe à Willimantic dans l’Etat du Connecticut où il travaille comme ouvrier dans l’usine « Americain Threads Co » jusqu’à l’âge de sa retraite. Willimantic est une petite ville américaine située au milieu des forêts, dans un milieu naturel et au climat très similaires à la Lettonie. Peut-être un choix afin de ne pas trop ressentir le mal du pays, tant aimé, qu’il ne verra plus jamais de son vivant.

Vous croyez que c’est la fin de l’histoire … ? Eh bien, non !

Nous retrouvons Herberts Saulītis, le 25 août de l’an 2000, au Centre de soins Roncalli de Willimantic ; il a 100 ans ! Au crépuscule de sa vie, les dirigeants de l’église luthérienne lettonne aux Etats-Unis soutenus par l’Association lettonne des anciens combattants, ont pris soin de lui.

Une fête d’anniversaire est organisée !

L’assemblée festive lui remet un gros bouquet de fleurs rouge grenat (les couleurs de la Lettonie) ainsi qu’un coussin en velours pour mettre en valeur ses deux médailles nationales. On se raconte sa longue vie. Ses amis proches le décrivent comme « un homme pimpant, plein de charme, toujours habillé comme un vrai gentleman » et « danseur très apprécié par toutes les dames ».

Un mois plus tard, Herberts Saulītis est une nouvelle fois aux honneurs !

Le colonel Valdis Matiss, attaché militaire à l’Ambassade de la République de Lettonie à

Washington D.C., vient lui rendre visite pour lui remettre un certificat et une médaille spéciale en reconnaissance de ses actes de bravoure lors des combats pour la liberté en 1919-20 et pendant la Seconde Guerre mondiale. Matiss lui dit en letton : « Je vous apporte les honneurs et les félicitations de la Présidente Vaira Vike-Freiberga et du Ministre de la Défense G.V. Kristovskis ».

Après cette petite cérémonie et sous les yeux de son infirmière attitrée, notre centenaire ne put retenir un sanglot à peine audible et une grosse larme coula sur sa joue.

Herberts Saulītis s’éteint, le 5 novembre 2000. Le jour de ses obsèques, une délégation venue spécialement de Lettonie lui rend un dernier hommage en couvrant son cercueil du drapeau letton, si chèrement défendu. Ses cendres sont rapatriées en Lettonie et inhumées au « Cimetière central des Frères », le lieu de sépulture des combattants pour la liberté de la Lettonie, à Riga. Il repose finalement, et certainement aussi en paix avec lui-même, en terre lettonne.

Cette belle histoire et bien d’autres encore seront à découvrir à Valka /Valga. Ce haut-lieu des combats pour la liberté du pays est sur notre route du voyage « Exploration culturelle des perles baltes : Tallinn – Tartu – Riga ».

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Baltique

A Valka /Valga, nous parlerons aussi du Traité de Versailles en quête d’un Ordre Nouveau, bien truffé d’embûches pour cette petite ville de la Baltique désormais coupée en deux : une partie lettonne, dite « Valka » et une autre, estonienne, appelée « Valga ».

Le colonel Valdis Matiss, attaché militaire à l’Ambassade de la République de Lettonie à

Washington D.C., vient lui rendre visite pour lui remettre un certificat et une médaille spéciale en reconnaissance de ses actes de bravoure lors des combats pour la liberté en 1919-20 et pendant la Seconde Guerre mondiale. Matiss lui dit en letton : « Je vous apporte les honneurs et les félicitations de la Présidente Vaira Vike-Freiberga et du Ministre de la Défense G.V. Kristovskis ».

Après cette petite cérémonie et sous les yeux de son infirmière attitrée, notre centenaire ne put retenir un sanglot à peine audible et une grosse larme coula sur sa joue.

Herberts Saulītis s’éteint, le 5 novembre 2000. Le jour de ses obsèques, une délégation venue spécialement de Lettonie lui rend un dernier hommage en couvrant son cercueil du drapeau letton, si chèrement défendu. Ses cendres sont rapatriées en Lettonie et inhumées au « Cimetière central des Frères », le lieu de sépulture des combattants pour la liberté de la Lettonie, à Riga. Il repose finalement, et certainement aussi en paix avec lui-même, en terre lettonne.

 

Cette belle histoire et bien d’autres encore seront à découvrir à Valka /Valga. Ce haut-lieu des combats pour la liberté du pays est sur notre route du voyage « Exploration culturelle des perles baltes : Tallinn – Tartu – Riga ».

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A Valka /Valga, nous parlerons aussi du Traité de Versailles en quête d’un Ordre Nouveau, bien truffé d’embûches pour cette petite ville de la Baltique désormais coupée en deux : une partie lettonne, dite « Valka » et une autre, estonienne, appelée « Valga ».

Grâce à l’Union Européenne, de nos jours, nous nous en balançons ! C’est vraiment le cas de le dire à Valka /Valga où une balançoire est installée exactement au-dessus de cette frontière jadis si bizarrement tracée par le représentant du gouvernement britannique, Stephen George Tallents.

Toute cette histoire n’est finalement ni courte, ni brève, mais me fait penser à une citation d’un autre expatrié, bien célèbre celui-là :

« Très peu de gens vivent dans le présent. Ils habitent le passé, le futur ou les deux. Les coups : ils les reçoivent deux fois. Les joies : ils les émoussent à l’avance. Ils vivent dans la crainte de malheurs que cette prévoyance démesure, dans l’attente de bonheurs que la distance épuise. » (Albert Einstein)

A vos bagages ! Avec AirBaltic, vos vacances commencent à Bruxelles ! Je me ferai un plaisir de vous faire découvrir « la chaleur de vivre en Lettonie ».

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