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    Place de la partie médiévale de Quimper Vacancesweb.be
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    Philippe Bourget

Quimper, bretonne avant tout

Philippe Bourget,
06-07-2022
Avec un centre historique préservé, un riche passé maritime et une culture artisanale et folklorique féconde, il émane de la cité du Finistère une forte identité bretonne. En route pour une échappée belle et vivifiante à l’Ouest d’une France qui n’est plus tout à fait la France.

Avec 63 000 habitants, Quimper est une ville moyenne comme il en existe tant en France. Mais, nuance de taille, sa notoriété patrimoniale et culturelle est sans commune mesure avec sa population. Venir à Quimper, capitale administrative du Finistère (département le plus à l’ouest de France), c’est mettre le pied dans le berceau vivant de la culture bretonne.

Quimper, ville-étape ouverte sur les confins bretons

Tradition bretonne aussi, avec un passé maritimo-fluvial qui a vu la cité commercer avec le monde, grâce au fleuve Odet qui la relie à l’océan (distant de 18 km). Quimper en a hérité une richesse commerciale qui imprègne encore les rues et les boutiques de la ville.

Cathédrale St Corentin
Cathédrale St Corentin © Berthier Emmanuel

Tradition religieuse, également, autour de l’immense cathédrale Saint-Corentin, foyer d’un quartier épiscopal animé. Tradition culturelle, enfin, avec les pôles du Théâtre de Cornouaille et Novamax/Max Jacob… et surtout le Festival Cornouaille Quimper. Chaque année en juillet, ce rendez-vous fait vibrer le folklore breton, entre spectacles de cercles (danse), de bagadou (musique), élection de la Reine de Cornouaille et Triomphe des Sonneurs…

« Cœur de Bretagne »

Quimper, labellisée Ville d’Art et d’Histoire, est dans une position idéale pour visiter la pointe extrême de la Bretagne. Au sud-ouest, les stations littorales et ports de pêche de Bénodet, Sainte-Marine, Loctudy, Le Guilvinec, Penmarch… Au sud aussi, Pont-l’Abbé, autre ville de traditions (broderie). A l’ouest, le Cap Sizun, Douarnenez et la mythique Pointe du Raz, dernière terre avant l’Amérique… Au sud-est, la ville close de Concarneau, la cité des peintres Pont-Aven, Quimperlé… Bref, Quimper est une étape parfaite pour un court séjour dans cette Bretagne vibrante à l’identité marquée.

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Quais de l'Odet
Quais de l’Odet © Philippe Bourget

Le quartier Locmaria, berceau… et avenir de Quimper

Quartier fondateur de Quimper, au bord de l’Odet, il a brillé par son artisanat potier et faïencier. Autour des ateliers Henriot et du couturier Pascal Jaouen, il se rénove et trouve une nouvelle vitalité artistique.

Ancien prieuré de Locmaria
Ancien prieuré de Locmaria © Philippe Bourget

Nous voilà à la source de Quimper. Locmaria, quartier-village situé à 10 mn à pied du centre-ville, rive gauche de l’Odet, a accueilli ses premiers ouvriers au Ier s. après J.-C. La raison ? L’eau, ressource indispensable pour travailler l’argile abondante. Locmaria sera longtemps connue pour ses poteries culinaires. Quelques siècles plus tard, un artisan provençal importe le savoir-faire faïencier. De l’argile à la céramique, le pas est allègrement franchi au point que dans les années 1870-1880, plus de 500 personnes travaillent dans les trois grandes faïenceries du quartier. Les ouvriers habitent rive droite, quartier du Cap Horn. Chaque matin et soir, des passeurs leur font traverser l’Odet en bateau.

De nos jours, un atelier entretient la tradition : Henriot. Rares en France sont les ménages qui ne possèdent pas un bol à oreille de la célèbre marque ! Une vingtaine d’employés s’active dans cette faïencerie qui abrite sous les toits 10 000 moules et modèles depuis… 1690. Classé Entreprise du Patrimoine Vivant, l’atelier s’est relancé grâce à des collaborations avec des artistes. Sa boutique est un lieu de passage obligé pour acheter des faïences classiques ou contemporaines. A côté, le musée de la Faïence et ses pièces exceptionnelles témoignent du rôle clef de cet artisanat à Quimper.

Faiencerie Henriot
Faiencerie Henriot © Hanriot-Quimper

Ecole de broderie d’art, micro-brasserie…

Un autre lieu incarne la vocation artistique du quartier : l’atelier Pascal Jaouen. Ce haut couturier, petit-fils d’agriculteurs imprégné de culture bretonne, conçoit des robes et des tissus uniques. Ses collections, prisées par plusieurs people françaises, sont financées par son école de broderie d’art et ses stages, organisés à Locmaria.

Ancien prieuré de Locmaria
Ancien prieuré de Locmaria © Philippe Bourget

Le quartier dispose également d’un patrimoine remarquable : une ancienne abbaye bénédictine, devenue prieuré ; une splendide église romane du 11ème s., dont on fêtera le millénaire en 2022 ; un jardin médiéval, classé « Jardin Remarquable ». Aujourd’hui, le quartier trouve un nouveau souffle. Au bord de l’Odet, la rénovation de la place du Styvel a mis en valeur la belle façade de l’ex-atelier d’art P. Foullien. Derrière le prieuré, un hôtel de luxe a ouvert (hôtel Ginkgo). Une micro-brasserie s’est installée sous l’espace Pascal Jaouen. Locmaria devient un cluster artistique, avec plasticienne, modiste, céramiste, architecte… Après avoir incarné l’histoire de la ville, il en symbolise le renouveau.

Ancien prieuré de Locmaria
Ancien prieuré de Locmaria © Philippe Bourget

Quimper abrite un centre historique bipolaire !

Pouvoirs civil et religieux ont façonné le centre de Quimper, déployé autour de la cathédrale Saint-Corentin. Un florilège de maisons à colombages… et de crêperies rend la balade particulièrement attachante.

Quimper, maison à colombages
Quimper, maison à colombages © Vacancesweb.be

Pour comprendre Quimper, un peu de géographie s’impose. Autour de l’an 1 000, le centre de gravité de la ville se déplace en amont de Locmaria, rive droite de l’Odet. Cette berge est coupée en deux par le Steïr, un petit affluent. A l’est se déploie la cathédrale et la ville religieuse, jadis ceinte de murailles. A l’ouest, s’étend la ville ducale, quartier de contre-pouvoir.

Le quartier religieux est le plus intéressant. Bâtie à partir du 13ème s., la cathédrale Saint-Corentin dresse ses deux flèches de 76 m de haut dans le ciel quimpérois. C’est le symbole de la ville. Restaurée de 1998 à 2008, l’édifice a retrouvé son lustre « gothique flamboyant ». Au pied de la cathédrale et du palais des Evêques voisin (transformé en Musée départemental breton), se déploie un splendide quartier médiéval. Les innombrables maisons à colombages jalonnent les rues commerçantes Kéréon et Fréron, ainsi qu’un écheveau de ruelles où il fait bon se perdre. Places au Beurre, Le Coz, Mesgloaguen, rues du Lycée, du Sallé, Kergariou, Brizeux, des Gentilshommes, Saint-Nicolas, venelle Saint-Antoine… l’atmosphère moyenâgeuse est tempérée par la présence de maisons bourgeoises du 17ème, 18ème et 19ème s. Les rues sont pleines de passants et de touristes, « volant » de commerces en crêperies bretonnes. Là aussi se trouve l’Hôtel de Ville et le musée des Beaux-Arts.

Musée départemental breton
Musée départemental breton © Berthier Emmanuel

Rues commerçantes et pôle culturel

L’ensemble du quartier converge vers les Halles Saint-Antoine (produits frais de l’océan garantis !), avant de filer jusqu’au Steïr et de basculer vers la partie « ducale » de la ville. Appelée désormais quartier Saint-Mathieu, elle n’abrite plus aucun vestige architectural mais est riche de commerces, notamment autour de la place Terre au Duc. Par les rues du Chapeau Rouge ou Saint-Mathieu, l’itinéraire conduit jusqu’au pôle culturel phare de Quimper : le théâtre de Cornouaille et la grande médiathèque. Avec sa place piétonne et ses animations, l’ensemble évoque aux beaux jours un petit Beaubourg parisien…

Théâtre de Cornouaille
Théâtre de Cornouaille © Philippe Bourget

Passerelles fleuries au fil du fleuve Odet

Une balade à pied le long des quais rappelle que le fleuve a toujours constitué la vitrine marchande et patrimoniale de la ville.

Voir et être vu… Ce sera aussi le leitmotiv de grandes familles locales. En amont du Palais des Evêques et de la Préfecture – l’un symbole religieux, l’autre institutionnel, situés presque face à face de chaque côté de l’Odet – la rive gauche se couvre de belles maisons bourgeoises à la fin du 19ème s. Chacune possède un « jardin sur fleuve » qu’une passerelle permet de traverser pour rejoindre le centre-ville. Il reste neuf de ces petits ponts. Devenus publics, ils donnent une touche glamour au secteur avec leurs rambardes fleuries.
En aval de Quimper, l’Odet conserve à l’inverse des accents de nature. Sur une quinzaine de kilomètres, il sillonne une vallée boisée dont les crêtes sont égayées de châteaux. La randonnée en canoë à marée descendante, entre anses et méandres, est stupéfiante de calme et de virginité. Ce monde fluvio-marin avait d’ailleurs séduit l’immense marin Eric Tabarly. Il possédait, pieds dans l’eau, une maison cachée sous la végétation…

Vue générale de Quimper
Vue générale de Quimper © Philippe Bourget

Festival de Cornouaille, l’âme bretonne

Locomotive de l’identité quimpéroise, le Festival culturel de Cornouaille draine chaque mois de juillet plus de 200 000 spectateurs. Il fête cette année ses 98 ans…

Festival de Cornouaille
Festival de Cornouaille © Bernard Galéron

Des spectacles de danse bretonne (cercles), de la musique (les bagadou, célèbres formations jouant de la bombarde, de la cornemuse et des percussions), du chant, l’élection de la Reine de Cornouaille, le Triomphe des Sonneurs… le Festival de Cornouaille va bien au-delà du folklore traditionnel breton. C’est l’incarnation de son identité culturelle et son expression la plus vivace. Rien n’est touristique dans cet événement, même si les touristes viennent nombreux voir ce qu’ils perçoivent comme une authentique vitrine identitaire. Durant six jours en juillet, la ville vibre au rythme des groupes bretons et des formations celtes invitées – galloises, irlandaises…. Place de la cathédrale, théâtre de Cornouaille, quais de l’Odet… ces lieux accueillent un tourbillon de représentations dans lesquelles les artistes se fondent avec le public. Le pays de Quimper est le berceau de la culture bretonne. S’y trouvent les cercles les plus titrés et la plus grosse concentration de joueurs de musique traditionnelle. Cette culture à la fois populaire et vivante marque sa différence avec celle d’autres régions, où elle est devenue beaucoup plus folklorique. Preuve de cette vivacité, le festival s’imprègne d’influences actuelles, hip hop, rap, variétés… Equilibre entre tradition et modernité, ses spectacles sont très créatifs. Les brodeurs imaginent des costumes de scène cassant les codes, les chorégraphes s’enhardissent dans des compositions contemporaines… S’ajoute même au festival, depuis 1999, un Cyber Fest Noz, plus grand fest-noz du monde !

Une Reine au balcon

Le succès populaire se mesure aussi à l’affluence lors de deux temps forts du festival : l’élection de la Reine de Cornouaille et le Triomphe des Sonneurs. C’est sur le balcon du Palais des Evêques, face à l’Odet, que se présente la Reine de Cornouaille. Elue par ses pairs, des milliers de personnes se pressent sur les rives pour l’applaudir. A la fin du festival, les berges accueillent aussi le moment phare que constitue le Triomphe des Sonneurs. Un défilé de l’ensemble des bagad de l’événement qui parcourt les rues toutes cornemuses dehors !

Plus d’infos

Festival de Cornouaille
Festival de Cornouaille © Bernard Galéron