La navigation fluviale est une vieille histoire dans ce pays. Les plus anciens canaux datent du 17ème siècle, comme le canal du Midi, mais la plupart furent construits au 19ème siècle lorsque la révolution industrielle fit exploser le marché des matières premières. La France entreprit alors un ambitieux programme d’interconnexion de tous ses fleuves. Le plan Freycinet a créé un vaste maillage entre les mers dont la France est riveraine. Toutefois, l’essor du chemin de fer et de la route ont peu à peu installé un quasi-monopole sur le transport terrestre des marchandises et les Français ont alors tourné le dos à leurs canaux.
Il fallut attendre les années 60 quand des opérateurs britanniques, séduits par le charme des canaux français, mirent sur pied une nouvelle forme de tourisme en proposant la location de house-boats, des bateaux habitables. Le succès rencontré par la formule sur le canal du Midi s’est rapidement étendu à d’autres voies navigables.
La France dispose d’un réseau navigable (fleuve, rivières et canaux) de 8500 kilomètres dont 5065 sont utilisés tant pour le transport de marchandises que pour le tourisme fluvial. La plupart est gérée par les Voies Navigables de France (www.vnf.fr) mais les loueurs de bateaux joignent toujours un dossier très détaillé du parcours fluvial avec des informations précises sur toutes les écluses et lieux où il est possible d’amarrer pour la nuit.
Tout commence par une initiation aux rudiments de la navigation fluviale et par un écolage du yacht miniature. Pour la conduite, rien de bien difficile car les manœuvres sont réduites à leur plus simple expression. Le capitaine d’occasion n’a besoin d’aucun diplôme et une à deux heures suffisent pour se familiariser avec le gouvernail et le levier qui commande les marches avant et arrière. Voguer sur l’eau, c’est un peu réaliser un rêve d’enfant et ce n’est pas sans une certaine excitation et même une petite pointe d’inquiétude qu’on largue les amarres. La vitesse est réduite, un grand maximum de 6 km/heure. Avec ce train de sénateur, l’équipage s’adapte très vite à son nouveau jouet.
Ils sont aujourd’hui employés par les VNF et nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas habiter sur leur lieu de travail, préférant la vie bourdonnante des villages. Toutefois certains ont choisi de s’y installer, faisant de leurs petites maisons des refuges personnalisés accueillants et fleuris : dégustation de produits locaux, berges transformées en merveilleux jardinets, collection d’objets anciens, autant d’activités qui font des éclusiers de véritables ambassadeurs de leur région. La plupart des écluses sont encore manuelles, les gestes d’hier sont toujours d’actualité et si le troc a disparu, l’ouverture et la fermeture des portes au passage de l’embarcation reste l’occasion d’un échange entre les touristes et l’éclusier, d’autant plus que celui-ci suit le bateau sur les 3 ou 4 écluses qui lui sont attribuées.
A l’approche de la première écluse en libre-service, chacun se demande comment il va assumer la transition. Il faut accoster à un premier ponton juste avant le sas d’entrée afin de débarquer les équipiers chargés d’ouvrir et de fermer les vannes, se faufiler ensuite dans le sas ouvert. Une répartition des rôles s’établit entre les moussaillons, il y a celui qui manie la gaffe et puis le spécialiste de l’aussière qu’il faut jeter d’un geste sûr autour du bollard pour maintenir le bateau durant la manœuvre. Les équipiers à terre s’activent à manipuler à l’huile de coude les grands volants qui ouvrent ou ferment les portes puis les petits pour les vantelles.
Répéter la manœuvre au fil des écluses, c’est épouser les gestes d’autrefois qui nous ancrent davantage dans ce nouveau milieu de vie. Quand les vannes s’ouvrent, encore faut-il accoster une fois de plus sur le ponton d’attente qui permet de respecter la tradition de courtoisie qui veut que l’on referme portes et vantelles derrière soi quand on quitte une écluse. Voilà, on est passé sans encombre !
Louer un « house-boat », ces embarcations qui se pilotent sans permis, c’est s’offrir la promesse d’une escapade paisible avec pourtant un petit goût d’aventure.
Oubliées les autoroutes encombrées, les rumeurs de la ville, les effervescences du quotidien. Pour s’évader, il suffit de larguer les amarres et de se laisser filer doucement sur l’eau. On n’imagine pas l’univers bucolique qu’embrasse la rivière quand on choisit de s’offrir une croisière de quelques jours.
Le chenal ressemble à une longue route fluide que l’on ne quitte pas si ce n’est pour rejoindre éventuellement un autre canal. Ce qui n’exclut pas l’aventure, d’autant plus qu’il n’existe aucun Routard ni autre ouvrage équivalent pour guider les mariniers occasionnels d’une étape à l’autre. Autour du bateau, tout n’est que marqueterie de verts, entre champs cultivés et pâtures où paissent quelques vaches placides, hauts arbres alignés qui assurent une ombre bienfaisante et collines boisées où surgissent fermes ou châteaux isolés.
Chaque méandre offre une surprise pour les naturalistes en herbe : une poule d’eau qui fuit sous les roseaux, un couple de canards qui s’ébattent, un héron cendré à l’affût, perché sur ses hautes pattes… De loin en loin, une petite route qui serpente, un village assoupi qui attire le regard. L’occasion d’amarrer le bateau à même la berge et de mettre pied à terre pour plonger dans le terroir, à la découverte de murs de pierre usés par les ans, de produits locaux savoureux et de gens accueillants mais toujours surpris par la passion de ces étrangers pour leur canal.
La croisière est rythmée par la répétition de gestes inusités, sur un espace tout aussi inhabituel, dans un environnement tellement éloigné du quotidien de chacun. C’est que la terre vue de l’eau offre une nouvelle mise en scène et les repères familiers disparaissent. Entre les manœuvres, on a le temps de laisser vagabonder le regard et l’esprit, surpris par le silence qui baigne le paysage à l’esthétique intemporelle.
Loin du tumulte des villes et de la promiscuité des plages, on remonte le temps à la découverte d’un patrimoine méconnu. Ecluses, ponts, barrages et autres ouvrages se succèdent pour évoquer le passé industriel ou social de la région. La magie opère, les heures s’étirent et une semaine plus tard, chacun a l’impression d’avoir parcouru un long périple bucolique qui, bien souvent, ne compte que quelque 180 km.
Chaque tronçon possède ses attraits qui lui sont propres et une analyse des sites d’intérêt proposés dans la documentation du loueur mérite d’être faite. La bonne formule est sans doute d’allier la promenade bucolique et la visite d’une ville le temps d’une croisière.
Il est toujours abordable quand il se divise par 4 ou par 6, d’autant plus que le voyage est plus confortable si l’équipage est plus important pour partager les manœuvres. Par ailleurs choisir de faire son marché et de cuisiner soi-même les produits du cru évite de coûteux frais de restauration. Enfin sachez qu’on peut amarrer partout le long du canal pour zéro euro, au pied de villages qu’on ne découvrirait jamais pour leur éloignement des routes. Il suffit simplement de bien gérer le ravitaillement en eau et en électricité en choisissant des points gratuits ou peu onéreux signalés dans le livre de bord. Pour un supplément modique, des VTT peuvent être mis à votre disposition, ils s’avèrent pratiques quand il faut partir à la recherche d’une boulangerie pour assurer le petit-déjeuner ou tout simplement pour rayonner autour du lieu d’amarrage.
La plupart des canaux et rivières sont ouverts dès la mi-mars et ce jusque fin octobre mais une croisière agréable demande un minimum de douceur climatique. Vivre sur l’eau signifie des réveils dans un décor noyé de rosée et l’humidité bien agréable au cœur de l’été l’est moins trop tôt ou trop tard dans la saison. Sachez toutefois qu’au cœur de l’été et selon les canaux, cela bouchonne un peu aux écluses et il faudra se souvenir que rien ne sert de courir comme le disent les vieux loups de rivière.
L’expérience vaut la peine d’être tentée car elle ouvre leur regard sur un monde qu’ils n’imaginent pas et qu’ils apprivoisent rapidement. Trois conseils toutefois : être intransigeant sur le port du gilet de sauvetage sur le pont, dans les écluses et à l’abordage ; partir avec leurs vélos pour qu’ils puissent se dérouiller les jambes et atteindre plus aisément des sites plus éloignés comme une piscine par exemple et enfin prendre un permis de pêche et investir dans des cannes à pêche ! Les enfants apprendront vite à relâcher leurs prises en fin de journée et pêcher est une manière de rencontrer d’autres pêcheurs débutants quand on est amarré.
Compagnies et bateaux que nous avons testés
Les Canalous est une compagnie de plaisance fluviale familiale créée en 1982 à Digoin en Bourgogne Dans les années 90, ils ont créé leur propre chantier naval qui leur permet de lancer la gamme Tarpon que nous avons testée, la référence du tourisme fluvial. Hissés aujourd’hui au 1er rang des loueurs-constructeurs français, ils proposent aussi des destinations dans d’autres pays européens.
www.lescanalous.com.
Le Boat est la compagnie de plaisance fluviale qui offre le plus vaste choix de croisières en France avec une flotte de 900 bateaux et plus de 40 modèles répartis sur 22 bases ! Le Boat propose 200 suggestions d’itinéraires en court séjour, semaine, long séjour et aller simple. Le plus difficile est sans doute de choisir sa destination.
www.leboat.fr
Maison
Pièces
20 Personnes
370.00 m2
€4830 / semaine
7 nuits min
Maison
Pièces
12 Personnes
240.00 m2
€ / semaine
nuits min
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