Un jour, un endroit : le 5 décembre 1945, Triangle des Bermudes, quand 5 avions s’évanouirent dans l’océan…

26-12-2025
Le 5 décembre 1945, en début d’après-midi, 5 bombardiers-torpilleurs TBM Avenger de l’US Navy décollent de la base aéronavale de Fort Lauderdale, en Floride. Leur mission n’a rien d’exceptionnel : un exercice de navigation et de bombardement d’entraînement, déjà effectué par d’autres escadrilles. Deux heures plus tard, les voix se crispent à la radio. Puis le silence. Le “Flight 19” disparaît, donnant naissance à l’un des mystères les plus célèbres du Triangle des Bermudes.
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© kyle-martin

La mission, baptisée Navigation problem No. 1, combine navigation à l’estime et bombardement de cibles en mer. À la tête de la formation, le lieutenant Charles C. Taylor, pilote expérimenté et vétéran du Pacifique. Les quatre autres appareils sont pilotés par des élèves officiers, entraînés et familiers de la région.

À 14h10, les Avengers mettent le cap à l’est vers les hauts-fonds des “Hens and Chickens Shoals”, où ils larguent leurs bombes d’exercice. La suite du parcours doit les faire virer au nord, puis au sud-ouest, afin de longer la côte de Floride et rentrer à la base. La météo est correcte au départ, mais la mer est agitée et l’atmosphère devient progressivement plus instable.

« Je ne sais pas où nous sommes »

Vers 16h, les premières inquiétudes apparaissent dans les transmissions radio. Un pilote avoue s’être perdu. Peu après, le lieutenant Taylor annonce que ses deux compas sont hors service. Il est convaincu de survoler les Florida Keys et pense se trouver au-dessus du golfe du Mexique. En réalité, il est très probable qu’il survole les Bahamas, bien plus à l’est.

La base tente de le guider : voler plein ouest, placer le soleil sur l’aile gauche, remonter la côte. Mais Taylor hésite, change de cap à plusieurs reprises, refuse de passer sur la fréquence de secours et insiste pour maintenir la formation groupée. Les élèves, soumis à une stricte discipline militaire, n’osent pas rompre et partir seuls, même si certains semblent conscients que voler vers l’ouest mènerait à la terre.

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La nuit tombe, la météo se dégrade, les communications deviennent intermittentes. À 17h50, une triangulation radio situe Flight 19 au nord des Bahamas, loin au large de la Floride. Trop loin.

La dernière transmission

À court de carburant, Taylor prononce un message resté célèbre : « Tous les avions, serrez-vous… on devra amerrir si on ne voit pas la terre… quand le premier passe sous les 10 gallons, on descend tous ensemble. » Peu après, le contact est définitivement perdu. Les cinq avions et leurs 14 aviateurs disparaissent sans laisser de trace.

Les secours frappés à leur tour

Les recherches s’organisent immédiatement. À 19h27, un hydravion Martin PBM Mariner décolle de la base de Banana River pour participer aux opérations. Moins d’une demi-heure plus tard, il disparaît lui aussi. Un navire marchand signale une gigantesque explosion et des flammes à la surface de l’eau. Les enquêteurs concluront que le Mariner a probablement explosé en vol, victime d’une fuite de carburant. Le bilan humain grimpe alors à 27 disparus.

Erreur humaine ou mystère absolu ?

L’enquête de la Navy privilégie une explication tragiquement simple : une erreur de navigation, aggravée par la panne des compas, une mauvaise identification des îles, des conditions météo difficiles et des décisions prises dans l’urgence. Un premier rapport évoque clairement cette responsabilité, avant d’être amendé en “cause inconnue”, afin de ne pas faire porter tout le poids du drame sur un seul homme.

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Aucune épave formellement identifiée de Flight 19 n’a jamais été retrouvée. Ce vide alimente alors les théories les plus spectaculaires et ancre durablement le Triangle des Bermudes dans l’imaginaire collectif. Bref, voilà d’où vient la légende !

Les Bermudes aujourd’hui

Aujourd’hui, le Triangle des Bermudes n’a plus rien d’un no man’s land maudit. Les Bermudes sont une destination touristique prisée, réputée pour leurs plages de sable rose, leurs eaux turquoise et leur atmosphère paisible. Des milliers de vols commerciaux et de navires de croisière traversent chaque année la zone sans incident notable. Le mystère, lui, est devenu un argument touristique : musées, excursions en mer et boutiques de souvenirs entretiennent la légende du Triangle…