

Les offices de tourisme vont-ils disparaître, emportés dans la tempête numérique menée par l’intelligence artificielle ? La question semble provocante, voire un peu dramatique. Et pourtant, elle mérite d’être posée. Car entre les recommandations instantanées de ChatGPT, les visuels époustouflants de Midjourney, les guides de voyage automatisés ou encore les itinéraires personnalisés proposés en deux clics, la promesse de vacances “sans prise de tête” n’a jamais été aussi forte.
Aujourd’hui, près de 40 % des voyageurs utiliseraient déjà une forme d’IA dans la préparation de leurs séjours, selon une étude de Kantar. De la suggestion de restaurants locaux aux conseils de visites insolites, ces technologies séduisent par leur rapidité, leur accessibilité et leur capacité à générer du contenu sur mesure. En France, certaines destinations comme Chamonix ont d’ailleurs sauté le pas, utilisant des IA génératives pour accélérer leur communication touristique. Un visuel accrocheur ? Un post Facebook à programmer ? En moins de 30 secondes, c’est dans la boîte.
Les algorithmes vont même plus loin : des systèmes prédictifs aident désormais à anticiper la fréquentation touristique pour désengorger les sites saturés. En Écosse, VisitScotland utilise l’IA pour orienter les visiteurs vers des alternatives moins fréquentées. Résultat : des flux mieux répartis, une expérience plus sereine et un tourisme un peu plus durable.
Mais tout cela, aussi bluffant soit-il, ne raconte pas tout. Il manque à l’IA quelque chose de fondamental : l’émotion, le ressenti, le vécu local. Vous avez déjà essayé de demander à un chatbot où trouver “le petit resto du coin où tout le village va le dimanche” ? Bonne chance. L’IA reste limitée par ses sources, souvent trop globales, pas assez enracinées dans la réalité d’un territoire.
Solenn Guillanton, dans un article pour RMC, le résume bien : « L’IA est là pour vous aider, vous faciliter l’expérience. » Pas pour remplacer le lien humain. Elle ne vous dira pas pourquoi un sentier est magique au coucher du soleil, ni ne vous offrira un sourire lorsqu’il pleut des cordes sur votre randonnée.
Alors, quelle est la valeur ajoutée des offices de tourisme aujourd’hui ? Elle réside justement dans ce que l’IA ne sait pas faire (encore) : créer du lien. Le personnel local est souvent le premier ambassadeur d’une région. Il connaît ses histoires, ses anecdotes, ses habitudes. Il parle de la météo “comme là-bas”, et propose des détours imprévus qui finissent parfois par être les meilleurs souvenirs.
Face à l’automatisation, les offices doivent toutefois évoluer. Exit les dépliants poussiéreux et les cartes à l’échelle douteuse. Place aux apps géolocalisées, aux experiences interactives, aux ateliers sur place, à l’organisation d’événements qui fédèrent habitants et touristes.
La vraie solution ne réside pas dans une opposition binaire, mais dans une cohabitation intelligente. L’IA peut prendre en charge les tâches chronophages : création de contenu, réponses aux FAQ, collecte de données. Pendant ce temps, les humains peuvent se concentrer sur ce qu’ils font de mieux : accueillir, écouter, orienter.