L’Empire du Milieu adore les projets hors norme, mais celui-ci pourrait bien battre des records. Après dix ans de discussions, la Chine a lancé officiellement les travaux de ce qu’elle présente comme « la première île artificielle mobile et autonome au monde », une installation semi-submersible, taillée pour résister aux explosions nucléaires et prête à accueillir 238 personnes pendant quatre mois. Rien que ça !
© François Piette ©
Sur le papier, l’objectif est scientifique : une base de recherche flottante, opérationnelle en 2028, capable d’explorer les grands fonds tout en restant stable face aux pires aléas marins. Mais dans les faits, l’échelle du projet et certains choix techniques ont vite éveillé la curiosité des observateurs. Le South China Morning Post indique en effet que la plateforme affichera… 78.000 tonnes !
Un monstre technologique pensé pour encaisser l’inimaginable
Ce qui frappe, au-delà du gigantisme, c’est la résilience prévue par les ingénieurs chinois. L’île utilise des panneaux sandwich en métamatériaux capables, selon leurs concepteurs, de convertir une onde de choc nucléaire en simple compression mécanique.
L’idée, expliquent les concepteurs dans la presse chinoise, est d’éviter que la structure ne se torde ou ne s’effondre sous l’impact d’une explosion extrême. Autrement dit : que l’île reste fonctionnelle, même après l’impensable. Pour ce faire, la plateforme embarque une superstructure blindée, des compartiments critiques pour préserver l’électricité, la navigation et les communications, et même un système de cloisonnement surnommé « sandwich bulkhead » : une sorte de métal plié agissant comme super-éponge mécanique, qui se renforce sous la pression au lieu de se déchirer. Une prouesse technique qui réduit, selon les ingénieurs, 58,53 % du mouvement structurel et 14,25 % des contraintes maximales.
Une île, mais aussi un navire… et potentiellement une base
Contrairement à une base fixe, l’île peut naviguer à 15 nœuds, résister à des typhons de catégorie 17 et se déployer dans des zones éloignées pendant 120 jours sans ravitaillement. L’appellation officielle « Deep-Sea All-Weather Resident Floating Research Facility » joue la carte de la neutralité, mais avec de telles capacités, difficile pour les analystes de ne pas s’interroger sur les applications militaires, rapporte GEO.fr.