Une vaste cuve antique refait surface à Gabies et ravive les débats sur les premiers pas de l’architecture romaine !
Un énorme bassin de pierre, daté d’environ 250 av. J.-C., vient de refaire parler de lui au cœur de l’ancienne cité de Gabies, à 18 km de Rome. Guidée par le professeur Marcello Mogetta (University of Missouri), l’équipe de fouille a mis au jour une structure mêlant parements soigneusement bâtis et portions taillées directement dans le substrat rocheux. Rien d’anodin à cette époque : on sort ici du registre habituel des temples et murs défensifs pour toucher à ce qui pourrait figurer parmi les premiers grands aménagements civiques romains, interpelle Science Daily. On vous traduit tout cela en termes clairs !
Selon Marcello Mogetta, l’emplacement stratégique (au centre exact de la ville, près du croisement principal) plaide pour un bassin monumental intégré au forum, cette fameuse place publique dont les premières formes restent largement méconnues.
Quand Rome observait la Grèce
Les fouilles récentes dialoguent avec un autre vestige majeur du site : le mystérieux Area F Building, vaste complexe en terrasses sculpté dans le flanc du cratère volcanique. L’ensemble suggère que les bâtisseurs romains de l’époque s’inspiraient généreusement des cités grecques, expertes en espaces civiques pavés, mises en scène monumentales et terrasses théâtrales. En somme, les Romains n’ont peut-être pas tout inventé, ils ont surtout su observer, adapter… et amplifier.
Gabies, laboratoire grandeur nature de la Rome archaïque
Si Gabies fascine autant les chercheurs, c’est grâce à ce paradoxe historique : puissante rivale de Rome à l’âge du Fer, la ville fut largement abandonnée vers 50 av. J.-C.. Résultat : pas de strates urbaines écrasant les plus anciennes. Son plan et ses fondations sont restés miraculeusement lisibles, comme figés dans l’attente d’archéologues.
Le site, aujourd’hui intégré aux Musei e Parchi Archeologici di Praeneste e Gabii, attire des équipes internationales qui fouillent méthodiquement ses vestiges. Mogetta en dirige d’ailleurs le programme depuis l’an dernier. Et ce bassin n’a évidemment pas encore livré tous ses secrets !
L’énigme majeure : la politique avant la religion ?
Une question continue d’agiter les spécialistes : les Romains ont-ils bâti leurs espaces civiques avant leurs sanctuaires, ou l’inverse ? Le choix n’est pas anodin : il conditionne l’idée que l’on se fait des priorités fondatrices de la société romaine, à savoir la vie publique et politique, ou les rites religieux. Gabies pourrait offrir la première réponse tangible à ce débat.