Tiercé villageois de charme près du Puy-en-Velay

07-06-2025
Parmi les dix « Plus Beaux Villages de France » d’Auvergne, cinq sont en Haute-Loire. Trois d’entre eux, Polignac, Arlempdes et Pradelles se trouvent à moins de 30 km du Puy-en-Velay. L’occasion d’une escapade agréable dans la campagne du Velay.
Polignac
© Philippe Bourget

Pour se rendre à Polignac, distant de 5 km du Puy-en-Velay, on pourra faire un court crochet par Espaly-Saint-Marcel. Cette commune limitrophe de la préfecture de Haute-Loire abrite elle aussi un piton volcanique sur lequel se dresse une statue colossale de Saint-Joseph, de plus de 20 m de haut. A ses pieds trône la basilique Saint-Joseph-de-Bon-Espoir. Inspirée d’un château féodal, elle a été bâtie au début du 20ème s.

Espaly Saint Marcel
© Philippe Bourget ©

Polignac, surtout un château !

En entérinant en 2021 la labellisation de Polignac, l’association des « Plus Beaux Villages de France » a porté à cinq le nombre de communes de Haute-Loire bénéficiant de cette distinction. Une bonne nouvelle pour le département et une consécration pour le village. Qu’on l’aperçoive depuis la statue Notre-Dame de France, sur le rocher Corneille, au Puy-en-Velay, ou qu’on le découvre en l’approchant par la route, Polignac, c’est d’abord – et surtout ! – un château. Immense, conquérant, il domine le bourg et ses environs depuis un plateau volcanique de 3 hectares, plateforme basaltique sur laquelle se dresse un donjon rectangulaire de 32 m de haut. Une forteresse médiévale en majesté, qui appartient depuis plus de 900 ans, exceptée une interruption après la Révolution,  à la même famille, les Polignac.

Polignac
© Philippe Bourget

Dans la même famille depuis 900 ans

Puissante seigneurie installée ici dès la fin du 11ème s., elle a connu les croisades, défendu la région lors de la guerre de Cent Ans, s’est opposée puis rabibochée avec le royaume de France, au point de s’installer à Versailles sous Louis XVI. Confisqué à la Révolution et vendu comme Bien National, le château sera racheté par le prince Jules de Polignac en 1830. Il est aujourd’hui propriété de la « Fondation Forteresse de Polignac » et une association en assure la gestion.

Polignac
© Philippe Bourget ©

Corps de garde, anciens ateliers, chemin de ronde…

 

On grimpe au château à pied depuis le village après avoir acquitté un droit d’entrée à l’office de tourisme. Il donne droit à un jeton, sésame obligatoire pour franchir un tourniquet et visiter le site en autonomie. Porte fortifiée, souricière, corps de garde, tour de défense, anciens ateliers et forge, bâtiments seigneuriaux (en ruine), chemin de ronde, puits… Tout cela constitue le décorum du plateau, souvenirs d’un temps où le château était un bastion imprenable.

 

141 marches pour le donjon

 

L’ascension du donjon est le point d’orgue de la visite. Construit de 1385 à 1421, cette tour-résidence a assis le pouvoir symbolique des Polignac. Depuis la terrasse sommitale, accessible par 141 marches, la vue domine les monts du Velay, du Mézenc (parfois enneigés dès novembre) et du Meygal, la ville du Puy-en-Velay, les vallées de la Borne et de la Loire… et le village.

Polignac
© Philippe Bourget

Maisons en pierre volcanique

 

Point de rencontre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle venant de Cluny et de Lyon (GR765), avant l’arrivée au Puy-en-Velay, Polignac regroupe un ensemble de maisons en pierre volcanique couleur bronze. Au gré de la balade, certaines demeures laissent apparaitre de jolies restaurations. D’autres restent dans leur jus vétuste ou de peu de goût, en décalage avec l’image attendue d’un « Plus Beau Village de France ».

 

Restaurant « Les Terrasses de Polignac » ou glacier Mezia

 

L’église Saint-Martin, en brèche volcanique (roche magmatique granuleuse), mérite une visite. A l’intérieur, à droite, un vitrail posé au dessus d’une porte représente le Prince, le Cardinal et le Chevalier de Polignac. Pouvoir politique, religieux et militaire réunis sous une même particule, tel est le symbole d’une puissance dynastique ! Dans cette église romane du 11ème s., le chœur est décoré de fresques du 12ème s. La découverte du village peut s’achever aux « Terrasses de Polignac », sympathique bar-restaurant, ou chez le réputé glacier Mezia.

Polignac
© Philippe Bourget

Arlempdes, au sommet d’une éminence

 

A 30 mn au sud du Puy-en-Velay, Arlempdes surgit comme un nid d’aigle au creux de la vallée naissante de la Loire. Le mont Gerbier de Jonc n’est qu’à une vingtaine de kilomètres et le fleuve coule ici en une impétueuse rivière, traçant son sillon dans le basalte volcanique. Là, au sommet d’une éminence inattaquable, se dresse un château-forteresse ruiné, le premier du val de Loire. Rien à voir avec les demeures Renaissance du fleuve royal, accueillants et prestigieux palais égrenés entre Blois et Angers…

 

Nouvelle vie depuis 1963

 

Dans cette Loire primaire où l’on pense d’abord à se défendre, les Montlaur occupent cette place forte dès le 13ème s. Méfiants, ils transforment le verrou rocheux en baronnie imprenable. En 1429, Louis de Montlaur est conseiller du roi Charles VII et combat aux côtés de Jeanne d’Arc. En 1499, nait Diane de Poitiers. Favorite du roi Henri II, elle devient « dame d’Arlempdes ». Lors des guerres de religion au 16ème s., le château est assiégé par les protestants. Après la Révolution, les prêtres réfractaires locaux sont pourchassés et le château est laissé à l’abandon. Il faut attendre 1963 et le rachat du château par la famille de Goys pour qu’il entame une nouvelle vie.

 

Territoire objet de convoitises

 

De nos jours, l’arrivée à Arlempdes ravive le souvenir des temps anciens où le moindre territoire était l’objet de convoitises. Que diable pouvait-on briguer dans cette vallée perdue entre rocs et gorges ? Si ce n’est une réputation ou un honneur à défendre, il faut reconnaître que l’intérêt stratégique, vu sous un prisme contemporain, parait maigre.

 

La Loire dans son canyon…

 

L’intérêt visuel, en revanche, est grand. Les fragments de murailles et la chapelle castrale en pierre rouge font corps avec la roche au dessus d’un village de poupée surmonté par le clocher-mur de l’église romane. Le petit amas de maisons aux toits rouges se découvre après avoir franchi une poterne en basalte du 11ème s. En bas, tout en bas, la Loire file dans son canyon, léchant sans jamais l’user cette relique médiévale magnifique.

 

Pradelles, frontière entre Velay et Margeride

 

Puy-en-velay
© Philippe Bourget ©

Changement de décor à Pradelles. Après la microscopique Arlempdes, voici un bourg autrement plus grand et aérien, dominant un vaste panorama. Aussi loin que l’on remonte, Pradelles fut une ville de passage. Aux confins des départements actuels de la Haute-Loire, de l’Ardèche et de la Lozère, elle marque la frontière entre le Velay et la Margeride, la haute vallée de l’Allier et le Languedoc. La table d’orientation, accessible depuis la rue des Pénitents, dévoile ce paysage de « contact », ouvert sur la montagne du Goulet, la forêt de Mercoire et le lac de Naussac.

 

Sur la voie Régordane…

 

Rien d’étonnant à ce qu’elle fut, à 1 150 m d’altitude, une étape importante sur la route des marchands. Placée sur la voie Régordane reliant l’Auvergne au Languedoc, elle vit passer des générations de commerçants revenant du Midi avec du sel et du vin, ou s’y rendant chargés de grains et de fromages. Elle accueillit aussi quantité de pèlerins en route vers Saint-Gilles, depuis le Puy-en-Velay. Même Stevenson y passa avec son âne, un beau jour d’automne 1878 !

 

Chapelle cultuelle Notre-Dame-de-Pradelles

 

La petite ville a conservé les parures de ces temps fastes : place centrale entourée de demeures nobles à arcades, portes anciennes, fontaines (celle du Melon est la plus ouvragée), tours et portails… La balade dans les ruelles serrées conçues pour se protéger du vent a un franc goût moyenâgeux. La chapelle Notre-Dame-de-Pradelles est elle-même l’objet d’un culte, depuis la découverte d’une statue dans un champ voisin en 1512. Installés à Pradelles en 1608, les dominicains contribuèrent à la réputation du lieu. Chaque année, le 15 août, la statue est portée en procession dans les rues du village.

 

Bataille contre les troupes huguenotes

 

Autre fait d’armes de Pradelles : la bataille contre les troupes huguenotes, en mars 1588. Ayant décidé d’attaquer le village, on rapporte que celles-ci furent mises en déroute grâce à Jeanne la Verde, dite la Verdette. Le 10 mars, cette citoyenne jeta du haut des remparts une grosse pierre qui blessa mortellement un gradé de la troupe, le capitaine Chambaud, provoquant le repli des soldats. L’honneur de Pradelles était sauf !

 

En savoir plus

Le Puy-en-Velay Tourisme. lepuyenvelay-tourisme.fr