Hier symbole du chaos, aujourd’hui vitrine de l’innovation : Medellín, ville au passé noir, avance tête haute vers son avenir.
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Medellín. Rien que le nom glaçait encore le sang au milieu des années 90. C’était la ville d’Escobar, des cartels, des fusillades en pleine rue et des corps laissés comme des messages sur le trottoir. En 1991, Medellín affichait le taux d’homicide le plus élevé au monde, avec 381 meurtres pour 100.000 habitants
Les quartiers perchés dans les collines – la Comuna 13, entre autres – vivent au rythme des rafales, coupés du centre, de la justice, de la lumière. Et au cœur de ce chaos, Escobar cultivait une relation trouble avec les plus pauvres : bourreau pour certains, bienfaiteur pour d’autres, il distribuait logements et argent tout en arrosant la ville de sang.
La ville décide de se lever
Tout ne s’est pas fait en une nuit. Il y eu bien entendu la disparition du célèbre narcotrafiquant. Et puis, en 2004, un nom surgit : Sergio Fajardo. Pas un caïd. Un professeur de maths, devenu maire. Il ne veut pas que l’on oublie Medellín.
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Et alors, la ville commence à se transformer à coups de béton, de verre et d’escalators. Oui, des escalators — dans les collines où l’on peinait à grimper, voilà que les habitants montent sans effort, avec leurs courses, leurs enfants, leurs rêves. Un téléphérique, le Metrocable, relie les hauteurs au métro. Les invisibles deviennent visibles. Un parc-bibliothèque voit également le jour : le béton devient refuge, pas rempart.
Une renaissance qui n’oublie pas ses cicatrices
L’image est belle. Trop belle ? Certains le disent. La violence a baissé, mais elle ne s’est pas évaporée. Les gangs n’ont pas tous disparu ; ils ont changé de visage. Les inégalités n’ont pas fondu sous le soleil colombien. Les habitants des quartiers transformés voient les loyers grimper. Certains partent.
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L’audace de réinventer
Aujourd’hui, la ville se veut capitale de l’innovation. Dans les locaux épurés de Ruta N, un centre d’affaires, on parle d’intelligence artificielle, de biotech, d’économie circulaire. Les start-ups poussent à un rythme soutenu. Le vert est partout : dans les projets de mobilité durable, les espaces publics repensés, les efforts pour lutter contre la pollution.